• Discours de Ogura Senseï

    Discours de Ogura Sensei

    Stage National à Strasbourg

    20 -22 Février 2009

    (Retranscription littérale, extrait d’une vidéo de Marc Domon)

     Extrait du compte-rendu édité sur le forum du CNK

     

    "Le Iaido que vous pratiquez de votre mieux avec beaucoup d’enthousiasme est un art martial qui existe depuis à peu près 500 ans.
    C’est un art qui a été fabriqué, dans le but de faire tomber son adversaire.
    Il y a différents mots qui ont servi à définir cet art, comme le Batto Jutsu et le Iai Jutsu.
    Donc, l’évolution historique de ce Jutsu s’est transformé en Michi, le DO, « la voie ».
    L’évolution de cet art martial s’est faite à partir de la base qui consistait à renverser ou détruire l’adversaire.
    Et la transformation en voie du Iaido, finalement s’est transformé en un art pour soi-même, soi-même évoluer et travailler son cœur.
    C'est aussi, considérer son partenaire comme un partenaire, mais plus comme un adversaire à tuer.

    L'un des buts principaux, c’est de travailler son propre CŒUR et son ESPRIT.
    Dans la longue histoire de l’évolution du Iaido, ce qui compte aujourd’hui n’est plus la compétition en tant que telle, le fait de gagner, le passage de grade ; ce n’est pas ça l’essence.
    Le fait d’évoluer et de faire des compétitions en tant que tel pour monter en grade, c’est une évolution d'un processus, ce n’est pas un but en soi.
    Ce qu’il faut, c’est avoir du plaisir dans ce processus, il fait évoluer en grade.
    Le but n’est pas de dire : « Voilà ça y est, j’ai passé mon grade, j’y suis arrivé. » C’est juste un moyen, mais ce n’est pas la finalité.

    Le but c’est de s’impliquer de façon fondamentale et profonde pour évoluer dans son art.
    En pratiquant l’art martial, le Iaido de façon vraie et fondamentale, quand on avance, et on ne dit plus de mal des autres, on ne se vante plus « moi je, moi je… ». Tout ça disparaît et on arrive par avoir un Cœur vrai.  

    Le fait de faire des exercices de façon assidue, cela permet de travailler son Cœur, en apprenant de façon vraie, les Waza permettent de travailler son Cœur.
    Grâce à ce processus vous devenez des Êtres de Bien avec un grand « B » ; c'est-à-dire : vrai et juste.
    Si vous n’arrivez pas à avoir le Cœur vrai, pur, vous ne pouvez pas faire correctement les Waza, ce n’est pas possible.
    Il y a une façon d’enseigner. Un dicton des temps anciens dit que la façon d’utiliser le sabre est pure, si le Cœur est pur.
    C’est la conséquence de l’état du cœur qui se reflète sur le sabre, c’est ça le Cœur de l’Esprit du Iaido.  

    Le sabre que vous utilisez, la personne qui l'a fabriqué, elle l'a fait avec tout son Cœur, avec toute sa personne. Donc, le sabre a une valeur.  

    Je voudrais vous raconter une histoire célèbre à l’époque SenKuDai, époque des guerres au Japon.
    C’était un sabre tellement exceptionnel que maintenant, il est considéré comme « Trésor National ».
    On n'exagère pas quand on dit que le sabre a été fabriqué avec le cœur de la personne.
    Masamuné était quelqu’un de très connu au Japon dans le monde des arts martiaux.
    Il avait 2 disciples très très bons qui sortaient du lot. Ces 2 disciples s’appelaient Muramasa et l’autre Sadamuré, c’étaient 2 disciples exceptionnels.
    Un jour, Masamuné a proposé à ces 2 disciples de s’affronter pour gagner sa fille, donc la fille était l’enjeu de l’affrontement.
    L’idée était que l’un des 2 disciples se marie avec sa fille pour prolonger la lignée de la famille.
    Donc, les 2 disciples ont dû fabriquer un katana. Une fois finis, les katana ont été plantés dans une rivière qui passait à proximité de la maison du maître.
    Puis, en amont de la paille a été jetée dans la rivière.
    En descendant l’une des pailles a rencontré le sabre de Muramasa, et la paille a été coupée délicatement.
    Par contre, au moment où la paille a rencontré le sabre de Sadamuré, elle s'est accrochée au sabre ; la paille n’a pas été coupée.
    Le maître Masamuné a retiré le sabre de Sadamuré de la rivière, alors la paille a été coupée.
    Donc, Sadamuré a dit « j’ai gagné la compétition » ; il pouvait se marier avec la fille. Il espérait continuer la lignée de la famille Masumuné.

    Question de Ogura Sensei
    Vous pensez que le maître a choisi lequel des 2 disciples ?
    Le sabre qui a coupé la paille ?
    Ou le sabre qui a coupé la paille en sortant la lame de l’eau ?
    - Ceux qui pensent que c’est Muramasa, dont le sabre a coupé la paille correctement, levez la main ?
    - Ceux qui pensent que c’est le sabre qui a coupé la paille en le sortant de la rivière, levez la main ?
    C'est Sadamuré qui a remporté la main de la fille de Masamuné,
    Donc, la différence c’est le Cœur, c'est-à-dire le premier avec la lame qui a coupé la paille. Mais pour le deuxième, ce n’est pas seulement que la lame, mais la façon de l’utiliser qui comptait. Ce n’est pas l’objet, mais la façon de l’utiliser, et c’est le Cœur qui est important.
    Ce qui est le plus important pour un Samouraï, ce n’était pas d’avoir un sabre qui coupait correctement, c’est plutôt d’avoir un sabre que l’on va utiliser. C’est pour cela que l’esprit de la personne qui a fabriqué le sabre est très important.
    Déjà à l’époque des guerres au Japon, le Cœur était important.

    Vous me comprenez, mais vous savez déjà, je voudrais répéter ce qui est important pour le Iaido, c’est le Kokoro, le Cœur.
    Donc, ce qui est important, ce n’est pas de se combattre, de battre, mais c’est le fait de le faire de façon pacifique, c’est la paix qui ressort de la pratique.

    Un des rêves, un des objectifs fondamentaux de l’art martial, c’est que tous les pratiquants d’art martiaux du monde s’entendent bien, qu’ils soient unis d’un même Cœur.
    Il ne faut pas de distension entre les pratiquants, tout cela est pour contribuer à la paix dans le genre humain.
    Il faut faire en sorte d’avoir le Cœur et le Corps qui soient ensemble, de façon à s’unir.
    Ce qui est important dans la pratique des techniques, c’est surtout l’éducation du Cœur.
    Donc, le but de la pratique du Iaido, c’est de viser à la perfection, aux progrès de l’être humain, de son caractère.
    Ce qui est important pour les Samouraï contemporains d’aujourd’hui, ce n’est pas d’être bon, ou mauvais, au Iaido. C’est de savoir, si l’on a un Cœur bien au fond, un Cœur idéal, adapté.

    Donc, vous avez déjà fait tous de votre mieux jusqu’à maintenant.
    Mais, ce que je voudrais que vous cherchiez ; il faut pratiquer votre art martial en cherchant la direction du Cœur pour la pratique de l’art martial.
    Donc, je voudrais que vous continuiez à éduquer votre Esprit et à le faire grandir dans la pratique.

    Nous-mêmes Japonais, nous avons réussi à avoir des Dan.
    Mais, nous avons aussi une longue pratique, depuis très longtemps, de façon intensive.
    Et malgré tout, ce n’est pas fini.
    Ce qui veut dire, que ceux qui pratiquent depuis longtemps, n’y sont pas encore arrivés, vous qui pratiquez dans la même direction, pour devenir des Samouraï véritables.
    Donc, je voudrais que vous me permettiez de vous aider, de mon mieux, pour vous aider à avancer.

    Bon courage. "

      

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